Gustave KAHN – EXCEPTIONNELLE LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE DE 16 PAGES A Paul FORT - Gustave KAHN

« Mon cher Paul Fort

J’ai d’autant plus de joie à porter ici votre santé littéraire que je vous rends une vieille politesse, car, il y a quinze ans vous fîtes vis-à-vis de moi l’initiative d’une fête semblable dont le souvenir m’est demeuré très cher, précisément pour les mérites qui font la beauté de celle-ci, à cause de son parfum de jeunesse, de sincérité de la liberté.
Beaucoup de ceux qui furent là je les revois ici. Nous nous retrouvons tous les deux. Vous n’êtes point changé.
Seulement, le désirent les humbles dont vous aimez à saisir le battement d’âme et la saveur de paroles, vous avez forcé j’entends littérairement.

Je le répète, vous êtes toujours le même. Vous êtes toujours le même. Vous êtes toujours ce Paul Fort d’onyx et de feu, qui a beaucoup créé parce qu’il n’a jamais douté de rien. Vous bondissiez alors à travers la ville et à travers la campagne pour […?] les coteaux et au long des plages, en saisissant tous les rythmes au vol, en les happant d’une main […?] ces papillons de fièvre dans la résille de vos Ballades. Vous vous précipitiez sur les beaux horizons avec une agilité de jeune faune ; certainement vous eussiez désiré que la nature n’ait qu’une seule bouche pour prévoir la […?] d’un seul baiser avec tremblement, tendresse et emportement. Vous aviez déjà beaucoup de talent Paul Fort, et vous étiez aussi une silhouette extraordinaire.

Vous veniez d’être à dix-huit ans, un bienfaiteur, un Mécène, le directeur d’une Comédie française très hautaine noblement pauvre, très éphémère. Vous y avez déployé Paul Fort une magnifique endurance et j’assoie […?] à votre gloire à votre juste renommé d’artiste désintéressé, le nom de Madame Paul Fort qui vous donnait avec modestie le réconfort d’un dévouement complet. D’avoir créé le Théâtre d’art […?] cher ami, cette folie […?] à votre réputation, cette auréole légère […?] solide autour de votre art de vous être attiré une légende. Je vous loue d’avoir alors ajouté une page à la noble histoire de la Bohème de lettres, la vraie, la belle, la sainte comme disait le grand Théodore de Banville, avec raison. Car qu’est-ce que l’histoire ? Le Bohème ? Lettres […?] le récit émouvant de […?] efforts sur l’art peu, vivant, chimérique, adoré et triomphant.[…] »

« J’eus le plaisir de vous voir beaucoup alors que vous commenciez à Puffin ! Vous aviez les mains pleines de joyaux que vous dénommiez avec […?] de la Monnaie de Fer. […] »